Artisan : un vieux métier d’avenir à valoriser

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Artisan, c’est un nom qui veut tout et rien dire, dans la mesure où c’est un statut qui regroupe un très large éventail de métiers. À savoir : 250 métiers répartis dans quatre grands secteurs : l’Alimentation, le Bâtiment, la Fabrication et les Services. “L’artisan est un chef d’entreprise qui investit son savoir-faire”, d’après les Chambres de Métiers et de l’Artisanat. Le site petite-entreprise.net le définit comme un professionnel “indépendant distingué par un fort savoir-faire bien spécifique, ainsi que par un profond enracinement dans le territoire”. Pourquoi en parler dans cet article ? Parce-que c’est le savoir-faire ancestral de l’artisan qui fait de lui, un expert local de demain. À condition de vouloir être innovant et de chercher le petit plus qui fera la différence face à la concurrence. Ne me remerciez pas pour la rime, c’est gratuit.

L’artisan, un fabricant qui revient de loin 

On peut dire que c’est un des plus vieux métiers du monde dans la mesure où ce spécialiste travaille avec ses mains. Les premières civilisations étaient composées d’artisans puisque ces derniers construisaient leurs propres habitations, bâtissaient les villes et des monuments comme les pyramides ou encore concevaient des vêtements.

Le Moyen-Âge va contribuer au façonnage de la philosophie et du statut des artisans. D’ailleurs, quand on regarde de plus près les métiers de l’époque, ceux de l’artisanat étaient les plus répandus : Boulanger, cordonnier, charpentier, forgeron, potier, barbier.

Majoritairement paysans, les artisans s’employaient essentiellement à créer, à entretenir ou à réparer des objets. Les métiers de l’artisanat se sont progressivement regroupés en association et se sont structurés avec la création d’une corporation. Cette évolution a permis de fixer des réglementations sur les normes de fabrication ou encore les prix dans le commerce.

Le sort de la fabrication artisanale – déjà loin d’être favorable – va se gâter au cours de la révolution industrielle du XIXe siècle. L’arrivée et l’utilisation des machines remplacent la fabrication manuelle et favorisent la production en série. L’artisanat est fragilisé et doit s’adapter à cette nouvelle économie.

Le XXe siècle va néanmoins marquer un tournant dans la reconnaissance de l’artisanat. Le mot artisanat apparaît en 1920 dans la Gazette des métiers (actuellement Le monde des artisans) et va être reconnu par la fonction publique. 1925 marque le début de l’institutionnalisation de l’artisanat avec la mise en place des chambres des métiers et de l’artisanat. Elles confèrent aux artisans plus d’autonomie et se présentent comme “les organes des intérêts professionnels et économiques des artisans, maîtres et compagnons de leur circonscription” selon la loi portant création des chambres de métiers (art.1).

Néanmoins, cette reconnaissance étatique limite l’activité artisanale et ne contribue pas franchement à son développement. D’une part, les artisans ne peuvent pas employer plus de 2 personnes et d’autre part, l’État considère le secteur trop coûteux et pas assez rentable.

L’artisanat tel qu’on le connaît aujourd’hui se développe et se modernise dans les années 70.  D’abord avec le lancement des Centres de formation des Apprentis en 1971 puis la possibilité d’engager jusqu’à 10 salariés en 1976. La profession devra toutefois faire face au capitalisme et à un modèle fondé sur des coûts de production à bas prix. Autrement dit, justifier le coût de la qualité face à la rentabilité de la production en masse. 

II – Et maintenant : un métier d’avenir ? 

50 ans après la restructuration et la modernisation du secteur, à quoi ressemble l’artisanat français en 2024 ?

Pour rappel, l’artisanat couvre 4 grands secteurs  – Alimentation, Bâtiment, Fabrication, Services – et recense 250 métiers. Voici un exemple de professions :

  • Boucher-charcutier, 
  • Chocolatier, 
  • Maçon, 
  • Menuisier, 
  • Ébéniste, 
  • Bijoutier, 
  • Serrurier,
  • Forgeron…

L’Hexagone compte 2 400 000 entreprises artisanales. Sur un plan humain, cela représente plus de 3,1 millions d’actifs :

  • 30 % des exportateurs français sont des entreprises artisanales,
  • 1 entreprise sur 4 qui se crée relève de l’artisanat.

Néanmoins, l’artisanat doit aussi faire face à des disparités dans ses 4 grands secteurs.

En 2023, la création d’entreprises artisanales a augmenté de 8% pour les métiers du Service. Les 3 autres grandes familles ont, quant à elles, enregistré des pertes : -8%  dans le Bâtiment , -7 % pour l’Alimentation et -5 % dans la Fabrication.

À l’instar de tout autre secteur, l’artisanat possède ses forces, ses faiblesses, ses menaces…et ses opportunités. En terme d’opportunité, les métiers de l’artisanat ont une carte à jouer voire à rejouer dans la transition écologique.

III – Un secteur local et durable

La transition écologique impacte autant les particuliers dans leur consommation que les professionnels dans leur production. À cet égard, les entreprises artisanales n’échappent pas à ces défis. 

Indépendamment de ces nouvelles normes, on pourrait même voir les artisans comme des piliers historiques de l’économie circulaire et durable. D’abord pour leur implantation locale et leur label “d’entreprises de proximité” qui permettent de concevoir, de fabriquer et de vendre via des circuits courts. Ensuite pour la valorisation de savoir-faire traditionnels et locaux : fromager, ébéniste, chaudronnier, caviste, barbier… Mais aussi parce que certains métiers sont inhérents à la récupération et à la réparation d’objets : cordonniers, couturiers/retoucheurs, bijoutiers, réparateurs d’ordinateurs, vitriers….

Toutefois, ces atouts ne suffisent pas. Quelle que soit la taille et le statut juridique des entreprises concernées, chacune doit pouvoir se distinguer pour prospérer. Parmi les problématiques et les axes d’amélioration qui s’offrent au secteur, on peut citer :  

  • La digitalisation des entreprises : création de site internet, utilisation des réseaux sociaux, plateformes e-commerce, emailing…,
  • Le recours aux nouvelles technologies : modélisation 3D, impression 3D, Techniques de fabrication assistées par ordinateur (CNC),
  • Choix des matières premières : matériaux innovants (bioplastiques), fibres végétales, recyclage…

Dans une certaine mesure, on peut dire que l’histoire et les savoir-faire artisanaux constituent l’avenir de tous les corps de métier concernés. À condition de faire de ce patrimoine, un modèle économique vivant et inventif.

Vous êtes artisan et souhaitez valoriser votre activité ? Dites-moi tout !


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